Regards à Arles : une dynamique régie de quartier.

Du 7 au 15 octobre 06, les régies de quartier présentaient aux publics leurs activités. Le 10, nous étions à Arles pour rencontrer la régie de quartier « Regards ».

Contextes des régies de quartiers

L’idée et la mise en place des régies de quartier remonte au début des années 70. Il existe aujourd’hui 140 régies de quartier réparties sur le territoire. Pensées dans le cadre du développement local des quartiers, et notamment des grands ensembles urbains, les régies de quartier sont des outils à la fois économique (réinsertion par l’économique, création d’emplois), social (créer une dynamique de lien, d’échanges, former, informer), citoyen (conscience collective et participation à la qualité de vie, vie de groupe, co-productions) et humain (sortir de l’isolement, du désarroi).

Les régies mettent ainsi en œuvre de multiples activités concernant la qualité de vie quotidienne : entretien d’espaces verts, d’espaces publics, entretien de locaux et d’immeubles, activités ludiques, restauration de monuments, petites rénovations...

Les régies de quartier impliquent de nombreux partenaires : les personnes qui vont constituer l’association, les institutions publiques, dont la mairie de la ville concernée (financements, prêts de locaux, collaboration avec certains services techniques de la ville...), les bailleurs d’immeuble (avec qui des contrats commerciaux vont être passés), des associations partenaires, etc. Un lieu privilégié donc, pour faire travailler ensemble différentes synergies, différentes logiques (institutions publiques, entreprises privées, individus, groupements), et permettre aux habitants de donner du sens à un travail qui leur apporte à la fois une formation professionnelle, un revenu et une implication visible dans le développement et l’amélioration des territoires où ils vivent.


Regards à Arles

Le 10 octobre, les 49 salariés, les responsables, et les structures partenaires de la régie de quartier « Regards » présentaient donc à Arles, le fruit de 6 années d’existence et de développement. Mises en espace des différentes activités, reportages photos, films... et dimension participative avec une prise de paroles au sein d’un théâtre-forum (voir encart) mettant en scène différentes situations de travail et de relations au sein de la régie... Tout cela permettait de ressentir la richesse des activités et l’implication de chaque personne. L’ambiance de fierté de présenter son travail, et de participer à ce projet collectif, témoignait d’une réelle vitalité.

Mais autre chose planait également dans l’air... en discutant à droite à gauche, en lisant les nombreux textes et documents présentés par Regards, nous pouvions sentir un état d’esprit d’innovation cherchant à éveiller les consciences et les pratiques sociales. L’objectif de regards n’est pas d’être un pansement aux différents maux d’une société qui, par son fonctionnement même, produit et entretient les douleurs qui mènent à l’exclusion (chômage, exclusion, isolement...). « Dans le cadre de ses activités techniques, qui sont à 90% liées à la salubrité de l’environnement public, la régie de quartier essaie de favoriser l’émergence de comportements capables de procurer mieux-être et santé aux salariés dans un premier temps et aux habitants du quartier par conséquent. (...) Aujourd’hui plus personne ne peut ignorer que « la santé est un état complet de bien-être, physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité. » - « Le lien social ne peut être autre que celui du groupe. (...) Le groupe dont nous voulons être les promoteurs émerge aux portes d’une dynamique inter-partenariale, à la marge et dans les interstices de nombreux dispositifs qui touchent à leurs limites. (...) La pratique des groupes, telle que la conçoivent le plus souvent les enseignants, infirmiers, assistantes sociales, gardiens de prison, éducateurs, animateurs... se résume, soit à quelques règles d’animation de base, soit à quelques consignes brutales de management (pseudo-participatif) édictées sans la moindre nuance et qui, dans la plupart des cas, ne font qu’ensemencer chez les participants les germes d’un ressentiment collectif et tenace. De toute évidence, il reste à faire un travail sérieux sur la vie des groupes des dispositifs d’insertion. » (Extraits de textes d’Hervé Rigo, sociologue, directeur adjoint de la régie de quartier REGARDS).

Cette vie de groupe à vitaliser, cette considération de la parole de l’individu et de l’élargissement du champ de conscience et de connaissance de chacun, semblait effectivement animer l’état d’esprit de cette journée de présentation.

Contact :
R.E.G.A.R.D.S : Régie arlésienne de développement solidaire.
3, av Salvadore Allende. Les Roseaux. 13200 Arles.
Tel : 04 90 18 20 63
Mail : regards.arles@cnlrp.org

www.regiedequartier.org
www.loi1901.com

La pratique du « théâtre-forum » est issue du « Théâtre de l’opprimé » développé par Augusto Boal en Amérique du Sud à partir des années 60. Le scénario des scènes jouées s’inspire de la réalité locale, sociale, professionnelle, relationnelle... vécue au quotidien par les personnes constituant le public. Lors de la représentation, tout spectateur se sentant concerné par la situation représentée, peut demander la parole, monter sur scène, donner son point de vue et faire des propositions. La scène de théâtre devient ainsi un lieu social, « participatif », inter-actif.
Certaines structures, entreprises... utilisent le théâtre-forum pour mettre en scène des situations de tension vécues entre les dirigeants / salariés / bénévoles / publics... transformer le regard, les vécus ou les a priori des uns sur les autres, et permettent des lieux de paroles qui désamorcent les ressentiments ou les frustrations silencieuses et nocives.

Contact à Arles :
Association Capacité, « Apprendre à sa voir vivre et travailler ensemble ».
8, rue du refuge. 13200 Arles.
Tel : 04 90 93 49 91.
capacite@club-internet.fr

S.D.

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