Hébergés à l’École de la Marine Marchande depuis 1999, les chantiers d’insertion d’ARFADE (Association Régionale pour la Formation Adaptée au Développement des Entreprises) comptent déjà à leur actif plusieurs constructions d’embarcations dont l’association reste propriétaire, mais aussi des rénovations de bateaux pour le compte d’autres assos. Un actif qui fait de cette association une des structures marseillaises les plus autorisées pour tout ce qui concerne la mer et ses métiers.

Entièrement conçues et réalisées sur place : une yole (la « Massalia »), deux bettes de course (« Atalante » et « Belle de mai »), une chaloupe pour l’École Nationale de la Marine Marchande (« la Valmer »). Volet rénovation, un pointu, deux yolettes et un petit voilier sont sortis de ses ateliers, rajeunis et prêts à affronter de nouvelles aventures. La suite ?...

C’est un nouveau défi que se lance l’association, de taille cette fois-ci : la construction d’une goélette de 13 mètres qui promet d’être aussi belle qu’impressionnante, à en juger par l’esquisse du projet où les concepteurs ont dû mettre, plus que le génie et la technique, toute la force de leurs rêves. Ce projet-là pourrait démarrer courant septembre prochain, sur un site de la PJJ avec laquelle les négociations sont actuellement en cours.

Et ce n’est pas tout... En collaboration avec des chercheurs du DRAMSS et du CNRS, l’association compte reproduire à l’identique une séquence d’un bateau antique, grec en l’occurrence, qui plus est selon les techniques de l’époque. La réalisation de ce tronçon de bateau, qui sera exposé lors de la prochaine Fête de la Mer, résume un peu l’esprit et la démarche qui président aux activités de l’association. René Amoros, son président, souligne bien qu’au delà des compétences techniques à transmettre aux jeunes et moins jeunes dont ARFADE a la charge, « il s’agit aussi pour nous de susciter scientifique, historique et patrimonial ».
Du reste, tout un programme d’animation dans ce sens, à la fois ludique et éducatif, destiné au grand public, et notamment aux enfants et aux jeunes, est d’ores et déjà en train d’être cogité, en même temps que d’autres activités, dans le cadre de la préparation de cette manifestation qui aura lieu en septembre.


Savoir-faire technique et culture, une alliance qui vaut à l’association une réputation grandissante justifiée. La preuve en est sa sollicitation par Villages Clubs Soleil, une association de tourisme social implantée dans les Alpes, pour la construction d’un village de vacances mer qu’elle a eu la bonne idée de projeter dans la région phocéenne. Un village, bien évidemment, selon ses propres critères qui n’ont rien à voir avec ceux du tourisme grand standing... et ce qu’il faut bien appeler ses périls.
Le lieu ?... C’est déjà convenu : ce serait sur l’île du Frioul, un endroit non encore défini. Plus encore : l’étude du projet a été confiée à des étudiants marseillais qui doivent en présenter la maquette 21 mars.


L’insertion dans tout ça ?... ARFADE est animée par sept salariés, mais en période de pleine activité, le chiffre monte à plus de dix dont bon nombre trouvent, par la suite, des emplois durables. Une performance qui s’explique : des jeunes ayant des connaissances de base nécessaires, en arithmétique et dessin notamment, finissent par acquérir des compétences spécialisées très sûres simplement parce qu’ils perçoivent pleinement le sens de leur participation et sa finalité.
Plus concrètement, explique René Amoros, « la clé, c’est le résultat : une construction pérenne et utile, qui ne supporte pas d’être bâclée. » De là, une forte motivation et le sentiment de sa propre valorisation.

Outre ces aspects : le cadre et le contexte d’évolution de ces jeunes. Une dizaine de bénévoles, de formations différentes et de tous horizons, participent à leur encadrement, ayant tous comme points communs l’amour de la mer et une bonne maîtrise de leurs métiers : marins pompiers, chercheurs, psychologues, professeurs...
Et pour conforter les acquis techniques, les activités annexes ne sont pas en reste : équipes d’aviron, entre autres, comptant des personnes de tous âges (jeunes, actifs, retraités) participant régulièrement à des courses aussi bien dans la région, comme Défi Jeunes Marins 2004 à Toulon, qu’à l’étranger, dont Volalonga à Venise en mai 2005.

Autant d’activités et d’événements qui amènent les personnes en insertion à se repositionner par rapport aux « autres » et à confirmer leur « utilité » dans une société qui n’en finit pas de se diversifier. Il y a là, à l’évidence, un angle d’approche de la fameuse « mobilité », atout tant réclamé aux chercheurs d’emploi.

Dominique PAIN

Article paru dans Marseille La Cité N°11, mars 2006.
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