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Art, espace public
mis en ligne le 20 mars 2005.
 

 

Les deux artistes qui travaillent dans cette association inscrivent leurs recherches et leur créations dans l’espace public : Un pont dans les quartiers nord de Marseille, la circulation des personnes en Palestine, le rôle de l’écrivain public en Syrie, l’organisation de la Croix Rouge Internationale en Suisse, la construction d’un foyer Sonacotra dans le centre-ville de Marseille... les contextes de travail que choisissent Martine Derain et Dalila Mahdjoub sont toujours des lieux de tensions, où quelque chose se passe, se passe mal, se passe entre : entre le politique et le social, entre le passé et le présent, entre l’Histoire et les histoires, avec les représentations et les croyances, avec les gens. Entre les nous.

De l’idée à la réalisation, Martine Derain et Dalila Mahdjoub passent au crible de leurs regards artistiques les violences, visibles et invisibles, des contextes dans lequel elles travaillent. Un fil conducteur permanent traverse leur travail : " Dans l’espace public, la première chose que l’on voit, c’est la relation entre les riches et les pauvres ", l’histoire, les choix présents et les relations de pouvoir. L’engagement de ces deux artistes est clair, mais ne produit aucun slogan ou humanisme compatissant. Elles portent un rêve d’égalité et de justice, qui s’incarne dans la forme plastique. Là, beauté et humour, dérisoire et précieux sont également présents.

Dan Graham : " L’œuvre d’art n’est pas là pour résoudre des conflits sociaux ou idéologiques, mais elle est là pour attirer l’attention sur les failles des différentes représentations idéologiques". Elles observent, elles disent ce qu’elles observent. Elles cherchent les bonnes questions.

Chaque projet nécessite environ un an de recherches, de recueils d’informations, de collaborations (sociologues, historiens...), d’imaginations et de choix artistiques, avant de produire la forme artistique qui viendra réinvestir l’espace public.

QUESTIONNER UN ESPACE, PROPOSER UNE FORME, concevoir des oeuvres qui investissent le réel, destinées à tout le monde. En Palestine, la fragmentation du territoire, zones A, B, C, nées des accords d’Oslo, impliquait une forme fragmentée, éphémère, mobile : les artistes proposèrent à une compagnie de transport palestinienne, dont les bus traversaient toutes les zones, de créer une série de tickets. Ils portaient des textes et des photographies, choisis à la suite de rencontres et d’entretiens, et transmettaient aux passagers des histoires de résistance civile, joyeuses et inventives. Ces tickets étaient le seul papier non contrôlé lors des passages aux checkpoints israéliens. Une expérience qui s’est déroulée durant plusieurs séjours, en 1998 et 1999. 30 000 tickets ont été mis en circulation pendant l’été 1999.

REALISATIONS DE MARTINE DERAIN ET DALILA MAHDJOUB :
-  1997, Le pont dans son environnement urbain, commande DGAC/SNCF. (projet non retenu).
-  1999, Toujours la même histoire, n°9, revue murale d’affiches d’artistes.
-  1998-1999, Une proposition pour l’espace public, Palestine, commande du consulat général de France à Jérusalem.
-  2000, L’éloge des écrivains publics, Damas, Afaa/Ambassade de France, Syrie. (projet dont la réalisation n’a pas pu être installée à Damas).
-  2001-2002, Une vie simple ? Expo.02, Croix Rouge Internationale, Fondation Avina, Galerie Piano Nobile, Suisse.
-  2003-2005, D’un seuil à l’autre, sur une proposition de HorsLesMurs / Dapa, (35, 37 rue de Pressensé. 13001 Marseille, au seuil du foyer Sonacotra, Belsunce).

ESPACE PUBLIC ET ARGENT PUBLIC. Dans le travail et les positionnements de Martine Derain et Dalila Mahdjoub, tout est voulu public : l’argent, l’œuvre et le processus de recherche. Le travail commence le jour de la commande : qui commande et pourquoi il commande. L’état, l’institution, l’organisation, le mécène... quel est son intérêt à se tourner vers l’art ? Pour dire quoi ? A qui ?

Dans une relation exigeante avec leur commanditaire et son réseau signifiant, l’art va oeuvrer, interroger la réalité, creuser les failles. Ce travail avec l’institution, ce qu’elle représente et les représentations qu’elle fabrique, ce qu’elle sert et la manière dont on s’en sert... fait entièrement partie de leur processus de pensée et de création.

L’argent public finance parfois des productions artistiques que personne, dans l’espace public, ne verra. L’argent privé permet parfois que des oeuvres d’artistes passent dans l’espace public (faire don de ses oeuvres). Le lien - public et privé, le lieu - espace et argent, est ici questionné. Pour ces deux artistes, les réalisations dans l’espace public ne peuvent se passer d’un financement public, sous peine de perdre ce travail d’interaction avec la société, et une grande partie du sens qui en découle. Volontairement, elles refusent le marché privé, dans lequel de nombreuses oeuvres financées par l’argent public se recyclent en productions marchandes.

TEMPS, RECHERCHE, REALISATION, LE STATUT SOCIAL DE L’ARTISTE Une grande majorité d’artistes en France sont dans une situation précaire. Dans les budgets publics de projets artistiques, la valeur "travail" est comptabilisé pour la gestion, la réalisation technique des projets, les intervenants extérieurs, les chargés de mission, les fabricants divers, imprimeurs..., sauf pour le salaire de l’artiste. Toute une activité économique, donc il est exclu, tourne autour de lui. Celui-ci doit "bidouiller" pour sa survie, tout en se consacrant à ses recherches/réalisations.

Martine Derain et Dalila Mahdjoub connaissent leur rythme de travail : une réalisation artistique tous les deux ans, fruit du temps de recherches, rencontres, collaborations, présentations publiques... A partir de là, se pose la question de ces deux phases, recherches pluri-disciplinaires / réalisation artistique, et de leur rémunération.

Certaines (rares) innovations émergent : l’association HorsLesMurs a mis en place un dispositif, nommé Chantiers Urbains, qui prévoit le financement d’une recherche urbaine menant à un projet de création. Le temps de recherche, d’une année, est pris en compte et en charge. Lié à la construction d’une nouvelle résidence Sonacotra dans le centre-ville de Marseille, c’est dans ce dispositif que le projet " D’un seuil à l’autre " s’est inscrit, et que l’ensemble des recherches et de la démarche devra être restitué en fin de projet.

Dans les contrat CEC qui les relient à l’association, Dalila Mahdjoub est graphiste, Martine Derain est agent administratif. La solution des contrats CEC reste temporaire, et ne résout pas un débat de fond sur le rôle, le statut des artistes plasticiens qui sortent du champ privé, et travaillent consciemment dans l’espace public, avec des intérêts publics, dans un intérêt collectif.

Commune 85. rue du Progrès 13004 Marseille Tel : 04 91 91 56 24 commune1@free.fr

Reportage réalisé à partir d’un entretien du 7 septembre 04, et de documents issus du travail de Martine Derain et Dalila Mahdjoub.



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