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Publication poétique
mis en ligne le 9 mars 2005.
 

 

Publication poétique et documentaire. Café Verre a été imaginée en 97 par 8 personnes, travaillant dans les domaines de l’art, des sciences humaines et du développement local. Au croisement de plusieurs parcours et désirs, existe un lieu commun : celui de concevoir un LIEU susceptible de recueillir et de diffuser des manières d’habiter ou d’être habité par Marseille. Cette publication ouverte, « à laquelle chacun peut prendre part », récolte toute sorte de documents, photographies, cartographies, poésies, plans, relevés « vus et entendus », papiers trouvés, notes... puis les articule, visuellement et poétiquement, dans un numéro Café Verre.

RÉCOLTER DES POINTS DE VUE, PUBLIER DE PERSPECTIVES

Né dans le centre-ville de Marseille, Café Verre part de là. Il aurait pu partir d’ailleurs. Il ira ailleurs, ensuite. Café Verre n’est pas une revue « sur » Marseille, mais un relevé de températures « dans » Marseille : son phare est la subjectivité des vécus quotidiens, des petites choses et des inventaires à la manière, par exemple, de Georges Perec. Impressions, histoires personnelles, clins d’oeil, des paysages vécus qui deviennent par l’édition paysages d’une ville habitée.
HABITER, avoir des habitudes ou pas, dire comment on vit, on la vit, elle nous vit. « Les habitants » ne s’entend pas en terme administratif (avoir une adresse, payer des impôts) : certains rêvent Marseille, ils y habitent sans y habiter. L’Habitant est celui qui fait l’expérience de quelque chose et témoigne d’un vécu.
UN TERRITOIRE associe terre et histoire, et l’histoire subjective du quotidien représente finalement 99,999% de notre vie, rien de spectaculaire, des milliards de seconde de vécus qui tombent dans l’oubliette du temps. Quelques instants sont sauvés et éclairés par Café Verre.
PUBLIER devient alors l’acte de faire émerger le privé dans le public, de donner de la valeur, de permettre un temps d’arrêt et d’échanges entre nos manières d’habiter.
CET ACTE est le second temps de travail : après la récolte, intervient le choix, les associations plastiques, signifiantes ou poétiques entre les différents matériaux recueillis. Dans l’articulation documentaire, le regard artistique intervient, afin de donner à la revue une qualité tactile et visuelle.

L’invitation fut donc ouverte en 97, avec le premier numéro de Café Verre, et se poursuit depuis 17 numéros. L’invitation : entre l’idée que "les gens" envoient des notes, des textes, des photos, des croquis... et la réalité, la matière première a fait défaut sur un ou deux numéros, où il fallut ponctuellement " auto-produire " le contenu au sein des membres et de leur réseau. Café Verre a alors imaginé aller chercher la matière et provoquer les productions en organisant des ateliers de création, ce qui permit une ouverture de la revue à différents quartiers de la ville.

PROVOQUER DES RÉCOLTES, ÉLARGIR LES TERRITOIRES POÉTIQUES.

A partir de 2002, plusieurs ateliers furent ainsi organisés en partenariat avec des structures permettant un mise en contact avec "les gens". Une collaboration avec la bibliothèque St André (15° arrondissement) et les usagers du lieu, enfants et adultes, permit l’élaboration d’un N° 13 riche en documents privés et publics, archives, dessins et textes. Un autre atelier, " Thé Vert ", a été mené en 2004 auprès des résidents du foyer Zoccola, dans le 15ème, autour de la question " Qu’est ce que résider à Marseille ? ".

A partir de 2003, afin de dynamiser les désirs d’envoyer des documents à la revue, les numéros suivants proposèrent des thématiques, comme on lance un fil à la mer. N°14 : la sécurité intime, vécue (et non le sécuritaire). N° 15 : d’où vient-on quand on habite à Marseille, N° 16 : ce qui se passe chaque jour qui revient chaque jour. Des lectures publiques sont également organisées à chaque parution. L’occasion de lire son texte, le texte d’un autre, et d’enrichir les perceptions des documents produits dans Café Verre par la vibration de la voix, du son, d’un nouveau vécu.

Ces dynamiques, ateliers d’écriture, lectures, échanges, exploration de différents quartiers ont sans doute permis d’ouvrir Café Verre à la fois en amont (auteurs d’écrits, personnes qui prêtent des photos, des documents...) et en aval (diffusion élargie, lectures partagées, abonnements...).

En 2005, plusieurs dimensions continuent ainsi de cohabiter dans la revue. Au cours des années, Café Verre confirme l’impulsion qui avait motivé la création du journal : associer dimension artistique, sociologie, sciences humaines, Histoire et histoires. Valoriser et restituer la réalité du vécu des personnes. Le prochain numéro, N° 17, se promènera sur le littoral, de Montredon à Mourepiane. Le N° 18, expérimentera une nouvelle forme d’édition, sonore. Diffusé sur CD, et en partenariat avec Radio Grenouille et Euphonia. À partir de 2005 également, Café Verre souhaite inviter un artiste différent à participer activement à l’élaboration de chaque numéro. La revue s’ouvre ainsi dans l’accueil de tonalités artistiques particulières tout en suivant le fil conducteur de son projet éditorial.

Bientôt 8 ans d’existence... Le bilan qualitatif de Café Verre semble plutôt positif, chaque numéro dévoile au lecteur un éventail de vécus, de documents, de sensibilités, de découvertes... Un autre bilan, comme pour toute activité, est celui de l’économie d’un projet, de ses financements, de ses ouvertures et de ses difficultés. Comme de nombreuses associations artistiques, à vocation à la fois sensible et sociale, la période actuelle de diminution des aides publiques oblige l’association Café Verre à faire un bilan et à redéfinir une stratégie d’avenir.

CONTEXTE TECHNIQUE ET ÉCONOMIQUE DE CAFÉ VERRE

-  LA REVUE Café Verre est passé de la revue photocopiée à l’imprimerie, en 2000, avec le N°8. Chaque publication, plus ou moins semestrielle, varie entre 2000 et 4000 exemplaires, suivant les financements possibles. Depuis 1999, Café Verre reçoit des subventions publiques (Politique de la Ville, Conseil Régional, Conseil Général, DGAC, DGASSU...) Café Verre est distribué gratuitement lors de sa parution, et est déposé dans quelques lieux publics. Après parution, il est vendu à la pièce (3 €) dans certaines librairies, et disponible sur abonnement (10€ / an).

-  SON ÉCONOMIE À l’origine de Café Verre est le désir que « ça existe » une revue comme ça. Il n’y avait pas de projet ou stratégie économique définie, si ce n’est financer l’existence de la parution, grâce à quelques ventes d’espaces publicitaires, quelques abonnements, puis par les subventions publiques.

Cette énergie de départ (pas de stratégie marchande) questionne aujourd’hui l’association pour plusieurs raisons :
-  Depuis les 7 années d’existence de Café Verre, certains artistes ont dépassé la phase d’expérimentation du travail d’édition et veulent sortir de la phase rmiste du statut d’artiste. Dans la volonté de construire désormais leurs compétences en terme de métier, ils désireraient être rémunérés pour ce travail. Si l’on évalue leur temps de travail en honoraires, augmenté du coût de l’imprimeur, des frais de structure, les revenus de l’association ne permettent actuellement pas de reconnaître économiquement ce travail.
-  À cheval entre plusieurs domaines (art, sociologie, édition et lecture, développement local) Café Verre peut avoir du mal à se faire repérer au niveau institutionnel, malgré les intentions "transversales" du service public. La volonté d’être une revue ouverte "aux gens" et de ne pas se spécialiser dans l’invitation d’écrivains déjà reconnus peut dérouter certains financeurs du champ artistique et littéraire. La volonté de ne pas "faire du social" et d’accueillir "les gens" dans un espace poétique peut dérouter les financeurs du champ social.
-  Depuis janvier 2004, une des membres de l’association a été embauchée en contrat CEC, chargée du développement de l’association et de la revue (administration, dossiers, communication, diffusion...). Le contrat CEC, s’il coûte peu à l’association pour l’instant, implique toutefois de penser sa pérennité, et confronte à une réalité économique dans laquelle bien des associations ont du mal à se projeter et à s’inclure (1 Smig à 35h = 915€ net/mois ET 20 000€ TTC/an, sans parler des frais de structure).

L’autonomie financière de Café Verre est minime (en 2004, 50 abonnés, 150 numéros vendus), ce qui ne permet pas à Café Verre de se penser comme un éditeur vivant de ses ventes. D’autre part, la distribution GRATUITE lors de la parution fait partie de l’intégrité du projet : ÊTRE ACCESSIBLE à des personnes qui n’iraient pas vers la revue, ne pas enfermer la revue dans un milieu artistique ou élitiste - en amont comme en aval.

L’association, à travers sa revue et ses ateliers, semble traverser une période où il s’agira dans les temps à venir de marquer un choix :
-  Soit continuer que "ça existe" avec les moyens du bord en considérant que tout le monde est bénévole et que chacun construit son métier ailleurs. Ce qui est délicat, étant donné l’investissement temporel que nécessite l’existence de la revue.
-  Soit passer le cap d’un repositionnement économique qui demanderait alors d’envisager la question du commerce, des ressources, de l’autonomie financière et de l’inscription de l’association dans le secteur de l’édition professionnelle. Mais passer du désir que « ça existe » à une stratégie marchande peut ne pas convenir à l’esprit des personnes, et à la raison d’être de la revue. Au vu des difficultés que rencontrent également les petites maisons d’édition, cette perspective semble également difficile.
-  Entre les deux, il y a aujourd’hui la perspective de diversifier les partenaires financiers en essayant de repérer qui, des services publics et privés (fondations...) a un intérêt réel au fait que ce genre de projet éditorial existe et soit diffusé.

L’AVENIR DU DÉSIR, LE DÉSIR D’AVENIRS

Le désir de continuer la revue est intact, la qualité des contenus et les relations aux publics, en amont et en aval, pointent un potentiel et une qualité de présence sur le territoire réel et imaginaire de Marseille. En ce début 2005, la revue commence à se faire connaître dans de nouveaux réseaux. Les nouveaux partenariats, invitation d’artistes, collaboration avec radio, peuvent également ouvrir un champ de nouveaux acteurs / diffuseurs / acheteurs / subventionneurs.

Sans doute, l’année 2005 permettra d’oeuvrer à une visibilité de choix réalisés et de moyens trouvés pour perpétuer la revue. Période qui demandera certainement une grande dynamique intérieure ainsi qu’une solidification des bases de l’association (changement de local, visibilité accentuée du projet) pour générer un "renouveau" à la fois créateur et économique.
SD

Contact :

Café Verre, La Cité des associations, boîte 239, 93 La Canebière
Association créée le 7/5/1997
04 96 12 09 92
cafeverre@laposte.net

(Reportage réalisé à la suite d’un entretien avec Claire Warren, en octobre 2004 et janvier 2005).



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