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fleche ... « Les ormes du cours », par Victor Gelu
En 1839, Victor Gelu, démonçait l’arrachage des arbres...
mis en ligne le 6 avril 2006.
 

 

Le 26 mars 1839, Victor Gelu publie ce poème. Au mois d’avril, les ormes du Cours, plantés en 1765, sont arrachés.

Les ormes du cours

Un frisson m’empoigne tous les organes !
Par le Bon Dieu ! Nos conseillers balourds
Perdent de vue l’étoile Tramontane :
Ils vont arracher les ormes du Cours !


Pauvres mitrons que la sueur dévore.
Là, on avait un peu d’ombre, l’été ;
Ils nous l’enlèvent ! Pauvres de nous, pauvres !
Caramantran, rôtis on va rester !


Les moineaux s’envoleront aux Allées
Pour s ‘épargner la rage du soleil ;
Mais le mitron et la fille en livrée,
Où iront-ils faire leur Saint Michel ?


Pourtant le Cours était notre héritage.
Depuis mille sept cents, de père en fils,
On venait s’y rafraîchir le courage,
Conter fleurette et humer le pastis.


Une douleur m’empoigne les molaires !
Par le Bon Dieu ! nos conseillers balourds
Ont perdu de vue l’Étoile Polaire :
Ils vont arracher les arbres du Cours.


" Petit, tu aurais un peu de lecture,
Tu saurais d’abord que de si hauts troncs
Sont des emplêtres pour l’architecture
Qu’on a donnée au front de ces maisons.

Figure-toi la belle promenade,
Lorsque le Cours sera tout déblayé ;
Qu’il sera partout pavé de calades,
Et que tu verras le gaz flamboyer !

Le soir, alors, si tu mènes ta belle,
Tourterau, sur les bancs pour câliner,
Ni les passereaux ni les tourterelles
Ne viendront plus te caguer sur le nez... "


Laisse pâmer devant une muraille
Peintre, sculpteur ou académicien,
Les belles demeures, pour la gueusaille,
Et le pilastre au mitron, ne font rien.


Et ne me parle pas de ciselures !
J’ai entendu dire par ces brigands
Que le plus grand chef d’œuvre de moulure
Ne vaut pas la moindre coque d’un gland !


Mais vé, on a tout complètement faux,
Car voilà où ils veulent en venir :
Il leur a fait si peur, notre drapeau,
Que ces bandits cherchent à nous punir.


Maintenant le Cours ressemble à un four
Qui va t’exhaler un enfer torride.
De notre chaleur ils rient, les vautours !
Eux, pour la fraîcheur, ils ont leurs bastides !


Ils se disent : sûrs ! ça vaut bien la peine
Que des estrasses, boulangers, maçons,
Animaux, vendeurs de leur force humaine,
Aient de l’ombre au plus chaud de la saison !


Coupez-leur ça ! Haro sur la canaille !
Quoi ! cette faune veut du plaisir ?
Grillez-les ! La petite poissonnaille
N’est bonne que quand on la fait frire !


Ah ! le venin m’empoigne les organes !
Par le Bon Dieu ! Nos conseillers balourds
Perdent de vue l’Étoile Tramontane :
Ils ont arraché les Ormes du Cours.


Adaptation en vers français par Christian Gorelli.



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