Capital, capitaliste, capitalisme...
D’où viennent-ils ces mots, quand ont-ils émergé dans notre vocabulaire , c’est à dire dans l’organisation de nos pensées et de nos sociétés ?

Le mot CAPITAL est à la fois un adjectif et un nom.

L’adjectif :
1/ (XIII°). Peine capitale : de mort. - Qui entraine la peine de mort. Proèces capital. sentence capitale. - qui mérite la peine capitale. Crime capital.
2/ (1389) Qui est le plus important, le premier par l’importance. V. Essentiel, fondamental, primordial, principal, suprême.

Le nom
(XVI° ; de capital, adj).
1/ (1567) Somme constituant une dette (opposé à intérêt).. V. Principal.
2/ Somme que l’on fait valoir dans une entrepreise.
3/ Absolt. Ecom. Toute richesse destinée à produire un revenu ou de nouveaux biens ; moyens de productions.
4/ Par extension : ensemble de ceux qui possèdent les richesses, les moyens de production. V. capitaliste.

Le mot capitaliste, quant à lui est apparu en 1759, soit 30 ans avant la révolution française.
1/ Nom. Celui qui possède des capitaux, notamment des capitaux engagés dans une entreprise, et qui en tire un revenu.
2/ Adj (1832). Relatif au capitalisme. Théorie, doctrine capitaliste. Régime, économie capitaliste (V. Libéral). Société bourgeoise et capitaliste.

Capitalisme. (1842 ; "richesse", 1573 ; de capitaliste).
1/ Régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, n’appartiennent pas, en règle générale, à ceux qui les mettent en oeuvre par leur propre travail. Capitalisme libéral.

(Définitions tirées du Petit Robert)

Observations :
  Au XIII° et XIV° siècle, l’usage du mot capital reste collé à son origine latine : la peine de mort, c’est la décapitation : la chute de ce qui est capital, la tête. Il est employée comme adjectif.

- Au XV° siècle, "capital" est employé comme nom, il s’autonomise. Un mot qui d’adjectif devient nom peut ainsi prendre la fonction de sujet d’une phrase. Il devient "acteur de", sujet.

C’est l’époque de la Renaissance, d’abord italienne puis européenne, dont un des principaux bouleversements fut d’emmener petit à petit l’homme au centre du monde (et non plus Dieu). La tête de l’homme, avec son cerveau, devient centrale : l’homme prend conscience qu’il est créateur de son environnement, et plus seulement "créature de dieu".

- La troisième période est le 18°/19° siècle - 1759, 1832, 1842, entourant cette période de révolution française.
Le roi en eut la tête coupée, le caput à terre.

La tête, c’est ce qui va transmettre la pensée, qui va notamment donner des impulsions à nos actions. Couper la tête du roi qui nous domine, correspond aussi, à cette époque de révolution, à l’émergence du sujet : l’individu qui a sa propre tête, son propre caput, son capital. En tant que sujet-individu, il ira voter, de son propre chef (Chief, X° ; lat. caput "tête"...).

La tête est un lieu d’émergence de la conscience. Couper la tête du "roi extérieur qui nous domine et nous dit ce que nous avons à faire et à être", peut signifier "reprendre les rennes de ce qui deviendra une conscience personnelle", devenir capitaine de son propre caput. Ce qui n’est pas facile.

Ces quelques observations pour inviter à réfléchir sur cette notion, capitale, de "capital"...

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