La république Marseille est composée de 7 films :
La Totalité du Monde - 14’
Les Quais - 46’
L’Harmonie - 53’
Les Femmes de la Cité Saint Louis - 53’
Le Centre des Rosiers - 64’
Marseille dans ses Replis - 45’
La République - 85’
Programmés à l’Alhambra, Saint-Henri 13016 Marseille
du 7 au 18 octobre
programme 1 : La totalité du monde + Les quais + L’harmonie
jeudi 8 à 20h30, samedi 10 à 14h30 suivie d’un débat, dimanche 11 à 17h30, vendredi 16 à 18h, samedi 17 à 21h
programme 2 : Les femmes de la cité StLouis + Le centre des rosiers
jeudi 8 à 18h, samedi 10 à 17h30 suivie d’un débat, dimanche 11 à 20h30, vendredi 16 à 21h, dimanche 18 à 17h
programme 3 : Marseille dans ses replis + La République
mercredi 7 à 17h, vendredi 9 à 21h, samedi 10 à 21h, samedi 17 à 17h, dimanche 18 à 20h30
La république Marseille nous emmène dans sept petits mondes qui composent une ville comme une république, celle des dockers, des militants ouvriers, des femmes d’une cité jardin ou des habitants d’une énorme cité ghetto et, dans ses replis, à la rencontre de tout un peuple, un ancien junkie, un boxeur ou de toutes jeunes filles devant la vie. Dans une grande artère du centre ville, « La République », face à une violente opération immobilière, toutes ces histoires viennent se condenser.
7 films pour parcourir la république Marseille et les différentes communes que représentent ses quartiers, cités, rues ou associations : autant de microcosmes, autant de films. Marseille ville monde ?
Sans doute, mais Marseille est d’abord un monde, capitale du Sud, capitale de la pauvreté, ancienne ville ouvrière porteuse de mémoire. Marseille des Quartiers Nord, peut-être aussi capitale de l’art et la manière de faire société. Marseille, blessée, a des choses à nous dire et dans chaque film, chaque personnage interlocuteur du cinéaste prend en charge une part de cette leçon marseillaise.
7 films de longueurs différentes, non pas l’intégrale d’un travail, mais une première lecture, avec quelques mots clés pour base de données : habitat, travail, pauvreté, lien social, mais aussi peuple ou classe ouvrière, mémoire et politique.
La Totalité du Monde, quel cinéaste ne rêverait pas d’en saisir, ne serait-ce qu’une bribe ? C’est un peintre qui emploie cette expression. Avant, il a été ouvrier, fils d’ouvrier, puis docker. Et sur ces mondes, il porte un regard à la fois intérieur et décalé. Un petit film pour commencer, comme pour ajuster notre regard.
Les Quais, c’est l’univers de Rolf, « docker de l’Estaque », comme une double identité, celle du port, d’une histoire qu’il légende, et celle d’un quartier populaire, ouvrier, toutes immigrations brassées, ouvert sur la mer. Blessé au travail, il reprend après deux ans d’inaction. Mais Roger, ancien dirigeant syndical à l’époque où les dockers bloquaient les armes pour l’Indochine, n’entretient guère d’espoir quant à l’avenir du port. Et l’Estaque de Rolf est en train de bien changer.
De L’Harmonie de l’Estaque, à cent mètres de chez Rolf, on pourrait dire que c’est un fief, celui des anciens dirigeants de la cellule locale du Parti Communiste entrés en dissidence. On y vient de tous les quartiers alentour pour jouer au Loto et des jeunes y apprennent à chanter des airs d’opéra. Mais l’Harmonie de l’Estaque-gare ce sont d’abord des femmes et des hommes ensemble. Et l’idéal politique toujours, ravivé par les élections qui remettent en jeu un siège de député tenu par les communistes depuis soixante-dix ans.
Les femmes de la Cité Saint-Louis, une cité jardin que les habitants, de génération en génération, depuis 1926, se sont appropriés pour en faire un petit monde ouvrier, joyeux et combatif. Une société de femmes ? En tout cas, ce sont les femmes qui portent le désir de faire société. D’autant que l’organisme HLM qui gère la cité veut mettre les maisons en vente.
Le centre des Rosiers, une cité de la fin des années cinquante, avec ses grandes barres de béton brut, a quelque chose d’une forteresse. Le chômage, le commerce de drogue, la concentration de toutes les misères du monde feraient exploser cette cité, s’il n’y avait une formidable force de vie : l’aspiration tout simplement à pouvoir aimer, gagner sa vie et faire partie de la société. Ce n’est rien d’autre que cela qui se joue ici, le centre des Rosiers est un centre social.
Marseille dans ses Replis pourrait être décrit comme un trajet, la caméra comme un carnet de croquis à la main, des usines du nord de la ville au bord de mer. Marseille invisible, comme cette femme qui se cache pour mieux libérer sa parole. On pourrait mettre en sous-titre, « Marseille après la catastrophe » : un rescapé des années drogue et sida, des jeunes dans un club de quartier et à la boxe, deux amis qui ont monté leur boîte après la faillite de leur entreprise de décolletage, des jeunes filles au bord de leur adolescence....
La République, à Marseille, c’est une grande artère de l’époque haussmannienne rachetée par deux groupes immobiliers. Elle est stratégique au sens où elle relie le nouveau centre d’affaires construit sur les ruines de l’industrie portuaire au centre-ville. A ce titre, elle doit être la plus belle, et la mairie y installe le tramway. Cette rue qui partait progressivement en déshérence, plus qu’une proie, devient le symbole d’une « reconquête du centre-ville ».
Mais les habitants se parlent, se réunissent pour échanger leurs expériences, la constituer en savoir et répondre aux "Américains" - une des sociétés immobilières créée par un fonds de pension texan.
Ils étaient censés disparaître, ils se révèlent. Vincent, Jules et Monique, Madame Ben Mohamed et Madame Cary, certains ont un passé politique, d’autres pas, certains ont eu une vie tumultueuse, d’autres pas, c’est une petite république qui se monte là.
Denis Gheerbrant, le 10 février 2009.
|