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fleche ... Résultat et trésorerie : deux visions différentes, et complémentaires, de la traduction économique d’une activité.

mis en ligne le 1er mars 2007.
 

 

Résultat et trésorerie : deux visions différentes, et complémentaires, de la traduction économique d’une activité.

En travaillant dans le champ de la création d’initiatives économiques, et en cherchant à comprendre les outils de lisibilité économique d’une activité, j’ai mis « un certain temps » à comprendre la relation entre ces deux visions de la traduction économique d’une activité, résultat et trésorerie.
Parallèlement, en participant à des ateliers collectifs rassemblant des porteurs de projets, je me suis aperçue que cette difficulté à donner du sens aux outils comptables était souvent partagée.

Je propose donc un article à ce sujet... à compléter avec vos propres expériences / questions...


Il est parfois difficile, pour un entrepreneur, de comprendre et de savoir utiliser les deux visions comptables « compte de résultat » et « trésorerie ».

Comment traduire, par exemple, au 31 décembre 2006, le fait d’avoir simultanément un bénéfice de 7.000 € au niveau du résultat de l’année 2006, ET un découvert bancaire de 9.000 € ?
Ou le contraire, d’avoir une perte de 4.000€ au résultat 2006, ET un crédit de 7.000€ sur le compte en banque...

Notre cerveau doit parfois faire des efforts pour arriver à saisir la nuance : car les deux réalités se superposent, même si, pour quelqu’un qui débute son activité et apprend à jongler avec les outils comptables, cette situation peut sembler assez incompréhensible.

TENTATIVES D’EXPLICATIONS...

Résultat et trésorerie témoignent de deux temporalités différentes.




Le compte de résultat s’étale sur un exercice de 12 mois, généralement du 1 janvier au 31 décembre. Il prend en compte, sur un exercice, les produits (ventes, subventions, cotisations... total des comptes 7 = ce qui entre) et les charges (achats, investissements, salaires... total des comptes 6 = ce qui sort).


Sur cet exercice :
-  Si les produits sont supérieurs aux charges => bénéfices en fin d’année.
-  Si les charges sont supérieures aux produits => pertes en fin d’année.

Jusque là, tout semble logique.
Le compte de résultat donne une vision d’ensemble, globale, de la relation produits / charges d’un seul exercice annuel.

Le compte de résultat sépare chaque exercice. (produits/charges année 2004) (P/C année 2005) (P/C année 2006) (P/C année 2007) (P/C année...)


Cependant... en fin d’exercice, au 31 décembre, tous les produits ne sont pas forcément entrés sur le compte en banque (exemple des subventions dont une partie sera payée l’année suivante - ou encore de ventes dont le paiement sera effectué 2 mois après leurs réalisations, etc). Au 31 décembre, leur montant sera pourtant comptabilisé dans le compte de résultat, puisque cela fait partie des activités de l’année qui se termine, mais l’argent ne sera pas encore déposé sur le compte bancaire.
Idem pour les charges, certaines font partie de l’année qui vient de se terminer, mais elles n’ont pas été encore payées... Elles sont intégrées dans le compte de résultat de l’année, mais elles n’apparaissent pas (encore) en trésorerie.

D’où les décalages possibles entre le compte de résultat et la trésorerie...

Le compte de résultat sépare des périodes définies... avec interruptions.
S’il y a un bénéfice de 7.000€ au 31 décembre 2005 pour l’année 2005, le nouveau compte de résultat de l’année 2006 démarre à zéro.


La trésorerie, quant à elle, ne sépare pas chaque exercice. Elle enregistre simplement les opérations (entrées / sorties) qui se font jour après jour.

La trésorerie suit le temps linéaire... sans interruptions. année 2004 -> année 2005 -> année 2006 -> année 2007 -> année XXX ->
S’il reste 7.000 € en banque au 31 décembre 2005, il y a toujours, après le « report à nouveau », 7.000€ en banque au 1er janvier 2006.

Petit dessin...




Savoir utiliser ces deux visions résultat / trésorerie, à quoi ça sert ?

La comptabilité peut être vue comme "une chose à faire", rébarbative, pénible, ennuyeuse. Elle peut aussi être utilisée comme un support dynamique, lié à la gouvernance d’une activité. À lire le passé d’une activité, et à projeter son avenir.


C’est ainsi, à partir du compte de résultat des années passées, que l’on va élaborer le budget prévisionnel (produits / charges) des années à venir.

C’est ainsi, à partir d’un bénéfice réalisé l’année 2004 par exemple, que l’on va pouvoir prévoir un investissement l’année 2005 ou 2006. Ou encore, ce bénéfice permettra d’anticiper une année où l’on prévoit consciemment un déficit suite à un changement d’objectifs, de stratégies... qui ne porterait ses fruits qu’ultérieurement.


Sur le dessin par exemple, l’on peut imaginer que les bénéfices des 3 premières années (2000€ + 7000€ + 11000€ = 20000€) ont été placés en « fond propre ». L’année 2006 a par exemple été une « année charnière » pour la structure, où elle a réduit ses activités (et ses produits de l’année) pour opérer un changement de positionnement.
Ou bien la structure a embauché une nouvelle personne, en prévision d’un développement futur, etc. Le bénéfice accumulé les années précédentes a permis de faire face aux charges 2006. Le compte de résultat 2006 présente un déficit, mais la structure n’a pas été menacée. Ensuite, l’année 2007, de nouvelles activités ont repris... etc.


Le compte de résultat pourra également être un appui, si par exemple il présente un bénéfice au 31 décembre 2006 - mais que le compte en banque est à découvert suite au retard de paiement de certains produits (subventions, ventes...). C’est avec ce compte de résultat bénéficiaire qu’il s’agira d’aller voir le banquier et de négocier un découvert, le temps que les produits soient payés.



L’on entend souvent parler, sans trop comprendre comment c’est possible, d’entrepreneurs qui font faillite alors que leur entreprise marche et fait des bénéfices... Compte de résultat positif... trésorerie négative... + pas de marge de manœuvre (pas de fonds propres) + pas de prêteurs (banques, solidarités...).

Ou inversement, d’entrepreneurs qui se penchent beaucoup sur la trésorerie (surtout ne pas être à découvert !!!) et qui n’observent pas l’évolution d’années en années des comptes de résultat. Cette vision au jour le jour ne permet pas d’avoir de visions à long terme de l’activité, d’anticiper certains changements, de prévoir certains investissements, etc.


Pour un entrepreneur ou un porteur de projet, savoir lire, manier et jongler habilement avec ces deux outils et ces deux visions, compte de résultat et trésorerie, est intéressant en matière de compréhension de la dynamique d’une l’activité. Au delà d’une compréhension personnelle, il s’agit aussi d’outils que l’on donne à lire aux partenaires, aux associés, aux adhérents, aux institutions... et qui deviennent ainsi un des supports d’échanges enrichissant la compréhension de la dynamique de l’activité, de son développement d’années en années, de ses ressources, de son potentiel, etc.

Si par exemple, vous montrez à une personne « initiée » vos comptes de résultat des dernières années, elle pourra y décrypter, comme sur une carte de tarot !!!, de nombreuses informations sur la manière dont est menée l’activité, les choix stratégiques qui ont été menés, les lieux de tensions, les fragilités, les potentiels... Les bilans (actif / passif), dont je n’ai pas parlé dans cet article, viendront compléter cette lecture et ce décryptage.

S. Delrieu

A vos commentaires !!!!!


-  Comment abordez-vous compte de résultat et trésorerie ?
-  Comment les utilisez-vous - ou pas ?
-  Sont-ils pour vous des outils stratégiques ou simplement un « enregistrement obligatoire » ?

-  Cet article vous apporte-t-il des éclairages ?
-  Quel autre éclairage, expériences... pourriez-vous donner à cet article ?



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