L’alternative associe diffusion de connaissances et de pratiques sur le recyclage, les produits recyclés, l’écologie de la planète, les enjeux de certains choix de société... et des actions concrètes : vente de multiples papiers recyclés, plastiques en amidon de maïs biodégradable, coton bio... Une militance active, qui veut promouvoir qualité des produits, prix bon marché, et travaille pour une généralisation d’éco-attitudes dans un des pays européens les plus en retard en la matière.

Militantes de Greenpeace, Magali Abalan et Emilie Abrias participaient en 2002 aux manifestations contre le projet d’incinérateur prévu sur les terrains du Port Autonome de Marseille à Fos sur Mer. Elles voulaient imprimer des tracts sur du papier recyclé, et ont fait alors ce constat simple : en 2002 à Marseille, si l’on veut du papier recyclé, il est difficile d’en trouver en quantité, et il est cher. La solution fut de constituer une association pour acheter une palette (500kg) de papier recyclé A4, et de diffuser ce papier à moindre prix dans le réseau local Greenpeace, Recyclons 13... L’histoire d’Alternative a commencé là.

PARLER, INFORMER :
Informer des causes et des conséquences, tant au niveau individuel que collectif, de tel ou tel choix de fabrication et d’utilisation des choses de la vie courante est un credo fort des membres de l’Alternative : la destruction irrémédiable de certaines ressources naturelles de la planète et l’empoisonnement des chaînes de vie végétale, animale et humaine par le rejet de déchets chimiques toxiques, ne sont pas une fatalité, mais le résultat de certains choix.

DE LA MATIERE PREMIERE AUX DECHETS
Tout ce que nous utilisons dans nos vies quotidiennes se fabrique un jour quelque part... et les déchets seront jetés un autre jour ailleurs. (Nous produisons, en 2000, 500kg de déchets par personnes en France).

Là, le bon sens est radical :
- Il existe un CHEMIN LINEAIRE : matières premières / transformation et fabrication / utilisation / déchets / décharges ou incinération. Dans ce chemin-là, les matières premières s’épuisent (disparition des forêts primaires), certaines techniques de fabrication polluent (pétrochimie, chlore...), le traitement des déchets par décharges ou par incinération empoisonne les sols, les nappes phréatiques, l’air (dioxine).

- Il existe un CHEMIN CYCLIQUE : matières premières / fabrication / utilisation / déchets / recyclage / réintégration dans la fabrication / utilisation / ... Penser un chemin cyclique implique que chaque étape du cycle se soucie des conséquences de ses pratiques pour l’ensemble de la chaîne. Il participe ainsi à ce que l’on appelle une conscience planétaire, au sens géographique (qui, où, comment), temporel (passé, présent, futurs), naturel (santé de la terre et des espèces, dont l’homme, qui y vivent). Il interroge la manière dont chacun, quel que soit son rôle dans la chaîne ou dans les hiérarchies, va pouvoir intégrer toutes ses données causes / conséquences dans ses pratiques. Ce chemin questionne également les décisions politiques, qui en amont des pratiques sociales, vont favoriser, faciliter, inciter ou interdire tel ou tel type de chemin...

Ce chemin cyclique implique dans une vision globale : 1/ l’élimination des produits chimiques dangereux ou potentiellement dangereux, dès la fabrication 2/ des achats faits en connaissance de leurs qualités ou devenirs chimiques 3/ le tri des déchets par les entreprises, institutions, particuliers... 4/ la promotion de site de recyclage et de compostage des déchets par une volonté politique. (Pour plus d’informations, voir le site d’Alternative, et les différents liens proposés vers Greenpeace, Recyclons 13...)

Certains choix de vie ne sont pas une question de goûts et de couleurs, mais une question de vie ou de mort, à plus ou moins long terme. Dans ce vaste contexte, l’Alternative intervient alors comme une ASSOCIATION POUR LA DIFFUSION MASSIVE D’ALTERNATIVES RESPECTUEUSES DE L’ENVIRONNEMENT ET DES PEUPLES.

AGIR, COMMERCIALISER
À partir de cette conscience et de ces engagements, les membres de l’Alternative cherchent à promouvoir des solutions concrètes, pratiques, et accessibles à tous.

Parmi les matériaux les plus courants, PAPIER et PLASTIQUE ont une place clef : 1/ par la quantité massive de leur consommation 2/ par leur source de fabrication. L’un dérive de l’arbre (cellulose des fibres de bois), l’autre du pétrole (fabrication de polymères). 3/ par la quantité de déchets et de pollutions que produit leur destruction. Papiers, plastiques et recyclage sont un véritable cheval de bataille pour les courants écologiques.

LE PAPIER
L’histoire de la première palette de papier recyclé, achetée en 2002, a dévoilé une incohérence et une évidence : pour que le « chemin cyclique » et ses éco-pratiques deviennent courantes, il faut rendre accessible les produits qui y participent. S’il n’y a pas de papier recyclé bon marché dans tous les magasins, personne n’en utilisera. Logique.

En moyenne, la consommation annuelle de papier en France est de 10.7 millions de tonnes, soit 182kg par habitant. Et le papier recyclé représentait, en 2001, à peine 10.9% de la consommation (98% en Allemagne). La volonté de l’Alternative est donc de commercialiser « massivement » du papier recyclé de qualité et bon marché. Et de prospecter non seulement auprès des particuliers, mais également auprès des magasins, entreprises, écoles, cliniques ou institutions... tous les grands consommateurs de papier et initiateurs de comportements. Leur volonté est également de sortir du milieu « écolo », déjà conscient des enjeux d’une éco-attitude.

Le papier recyclé a longtemps eu la réputation d’un papier poussiéreux et gris, encrassant les imprimantes et buvant l’encre. De sérieux progrès ont été faits par les fabricants afin de le rendre aujourd’hui aussi performant que le papier blanc. Toutes sortes d’informations sur les différentes qualités, origines, procédés de fabrication de papiers recyclés sont disponibles à l’Alternative. Les responsables y élaborent également la CONNAISSANCE D’UN METIER, à l’affût des dernières améliorations, et de tout ce qui émerge actuellement comme innovations dans les pratiques écologiques. Leur catalogue s’enrichit ainsi régulièrement, en qualités et en diversité.

LE PLASTIQUE Dérivé de l’industrie pétrolière, celui-ci, tant dans sa fabrication que dans sa destruction par incinération est hautement toxique. La durée de vie d’un sac en plastique jeté dans la nature est de 450 ans...

Apparemment, une vive polémique est en jeu dans la mesure où ceux qui vendent le pétrole qui fabrique le plastique, et ceux qui vendent les incinérateurs qui brûlent le plastique sont une seule et même entité industrielle (Suez ou Véolia ex-Vivendi). La chaîne linéaire leur est donc plus lucrative, au détriment de toute écologie. Lobbies, et appuis politiques favorisant ces lobbies (par l’implantation notamment des incinérateurs, dont ce projet de Fos-sur-Mer dénoncé par de nombreuses personnes), peuvent freiner le développement de solutions écologiques pourtant nécessaires et urgentes. La France est particulièrement à la traîne en terme de valorisation du recyclage et des produits recyclés. (250 incinérateurs en France, 9 en Espagne, incinérateurs interdits aux Philippines...)

Un plastique végétal fabriqué à partir d’amidon de mais (non OGM...), ou de pomme de terre se développe depuis 10 ans. Celui-ci est bio-dégradable et compostable, réintégrant ainsi une chaîne écologique saine. L’alternative propose ainsi une gamme de produits qui se diffusent dans ces nouveaux matériaux : sacs plastiques, verres, stylos... D’autres matériaux sont actuellement testés dans l’association, afin de vérifier leur qualité et leur avenir : assiettes et couverts en bambou, en bois provenant de plantations réglementées, etc. Certains vêtements, fabriqués en coton biologique (non OGM), font également partie du catalogue.

LE RECYCLAGE La France recycle 12% de ses déchets. Une politique de « Zéro Déchet » invite pourtant chaque pays et chaque ville à développer une politique de recyclage (en 2003, le Royaume-Unis recycle 53% de ses déchets, l’Allemagne 70%, la ville d’Edmonton au Canada : 76%...). Pour information, la ville de Marseille dispose, en 2004, de 480 " Points d’apport volontaire ", poubelles sélectives où l’on peut emmener verre, papier ou emballage. Pour repérer les lieux de dépôt, consulter www.mairie-marseille.fr. La ville de Barcelone, quant à elle, propose 8700 points d’apport volontaire...

À l’échelle de son activité, l’Alternative essaie de globaliser ses interventions, à la fois dans la vente de produits recyclés et dans le recyclage lui-même. L’association propose donc la récupération du papier pour les entreprises ou institutions à qui elles le vendent. Il ne serait pas logique que ce papier recyclé finisse dans une décharge ou dans un incinérateur.

Chaque désir de cohérence nécessite cependant une organisation à la mesure du projet, ce qui amène l’association à réfléchir à sa propre structuration, à ses partenariats, et aux investissements nécessaires pour assurer un développement à la hauteur des services marchands et éco-conscients qu’elle désire promouvoir.

LE DEVELOPPEMENT DE L’ASSOCIATION
Après les deux premières années d’intenses activités, le bilan semble positif, tant au niveau de la qualité de ce qui est diffusé (connaissances, éco-attitudes, prises de conscience...), que de la quantité de marchandises drainées : par exemple, passage de 7 ramettes de papier le 1er mois d’activité à 8 à 10 palettes mensuelles en 2004 (1 palette équivaut à 200 ramettes A4, soit 0,5 tonne) Ce type de croissance implique location de bennes, camions, livraisons, administration, personnes, ... soit une infrastructure grandissante qui devient celle d’une véritable entreprise.

A l’origine ergothérapeutes, Magali Abalan et Emilie Abrias, ont petit à petit arrêté ce métier pour développer les activités de l’Alternative. À ce jour encore bénévoles dans l’association, elles ont assuré l’ensemble des activités avec 4 autres personnes, Malvina, Frédéric, Véronique et Dominique.

L’association réfléchit actuellement un changement de statut, en Scop ou Scic, qui intègre, plus naturellement qu’une association, la conjonction d’un objet social militant et d’une économie commerciale. Cette transition association / entreprise semble correspondre à une « crise de croissance », étape nécessaire au développement de l’activité et de son utilité sociale, et à la professionnalisation des personnes qui s’y investissent. Ce projet de restructuration de l’Alternative permet depuis peu le salariat de 2 personnes à temps partiel dans l’association, avec un objectif de 4 salariés à temps plein en 2005. Et sans doute des partenariats à inventer ou à formaliser avec d’autres structures, privées ou publiques, dans la mesure où il s’agit là de dynamiques d’avenir pour l’évolution écologique de nos sociétés.

Face à de grands problèmes de société et d’humanité, il faut des solutions adéquates. L’exemple de l’Alternative est intéressant dans la mesure où il s’inscrit dans un contexte où le terrain sensible est déjà travaillé (émergence d’une conscience écologique) mais où la mise en œuvre des réponses, à la fois structurelles et économiques, est en défaut.
En tant qu’utilisateurs de papier recyclé, les créateurs de l’Alternative ont repéré une situation de pénurie. À partir de là, convictions et pratiques associant intérêts collectifs et dynamiques personnelles (transformer ses convictions en métier et en compétences) émergent. Avec toute l’énergie, la passion et la ténacité que cela demande.

Reportage réalisé à la suite d’un entretien avec Emilie Abrias, le 19 octobre 2004.

L’Alternative
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Tel/Fax : 04 91 92 74 90
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Association créée le 18/01/03

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