Comment comprendre les atouts, saisir les enjeux, repérer les acteurs des solutions informatiques dites « libres » ?

Notre dossier part à la rencontre d’initiatives régionales ayant décidé de se lancer dans l’aventure des solutions libres : permettre à des particuliers ou à des structures de petite ou moyenne taille l’accès à ces technologies ouvertes, fiables et performantes. Promouvoir le développement de solutions adaptées aux besoins des activités. Mettre l’accent sur la qualité du service... En espérant que ce dossier puisse contribuer à l’émergence et au renforcement de ces offres particulièrement innovantes et pertinentes.

L’accès aux technologies de l’information et de la communication est un enjeu majeur. Leur développement constitue l’un des secteurs économiques les plus vivaces et les plus dynamiques. C’est une raison pour laquelle la concurrence et la guerre économique y sont des plus virulentes. Dominé par la position monopolistique de Microsoft et de groupes économiques dont le « génie » consiste surtout à imposer des standards d’utilisation à l’échelle de la planète, il est très difficile aujourd’hui de voire émerger des alternatives autonomes....

Les logiciels libres, diffusés sous la licence GPL ou GNU (licence publique générale) en sont une.

Faire de la connaissance un enjeu collectif et un bien public.

De plus en plus connus mais encore peu utilisés, les logiciels libres investissent aujourd’hui le devant de la scène juridique et médiatique grâce à une mobilisation citoyenne de plus en plus forte : la promesse de liberté et la « menace » qu’ils représentent vis-à-vis des intérêts dominants se trouve résumée aujourd’hui par le combat sur la brevetabilité des logiciels qui fait rage depuis quelques années au sein des institutions européennes et nationales : d’un côté des lobby économiques cherchent à étendre une logique de privatisation des connaissances pour pouvoir exploiter des bénéfices selon une logique de rente. De l’autre, une « philosophie » du Libre cherche à protéger une libre circulation des connaissances pour en garantir la vitalité et l’accessibilité. La nuance est subtile.

D’un côté comme de l’autre, une économie se développe mais pas de la même manière : considérer que la connaissance n’est pas privatisable revient à considérer qu’elle constitue une sorte de patrimoine de l’humanité, au même titre que le patrimoine vivant (semences, codes génétiques, etc...) ou le patrimoine naturel (paysage, sites protégés) aujourd’hui traversés par des débats de même nature. Selon cette approche, il est possible de commercialiser des services, des produits, ou des solutions techniques en laissant un libre accès au code, au langage... ce qui permet à toute personne suffisamment compétente d’accéder aux sources en toute autonomie, d’optimiser ou d’adapter des solutions, de les faire évoluer, de les partager,etc...

Pour l’utilisateur moyen, le fond ne change pas tellement. Il dispose rarement de compétences informatiques suffisantes pour entrer dans le code et y comprendre quelque chose. Pour autant la différence est de taille. Au lieu d’être dépendant de la logique d’un fournisseur et de se retrouver en situation de devoir régulièrement racheter des mises à jour qui ne sont pas forcément conformes à ses besoins réels, il peut faire appel localement à des compétences capables d’adapter des contenus logiciels existants à sa situation et ses besoins particuliers. Le brevetage ressemble, d’une certaine manière, à une voiture dont le capot scellé ne permettrait plus d’accéder au moteur.

Fiabilité, sécurité et solidarité

Utiliser le « libre » : une habitude à choisir...

Par ailleurs, la puissance économique de Microsoft se traduit par une surreprésentation médiatique et par une omniprésence écrasante qui ne laisse quasiment aucune marge économique aux alternatives du « libre ». Aujourd’hui, les stratégies de lobbying de ces grands intérêts privés sont extrêmement puissantes. Elles viennent se heurter aux revendications citoyennes sur le terrain du droit européen. La bataille des brevets dont vous trouverez quelques éléments clefs dans ce dossier n’est que la partie visible d’un combat qui oppose des logiques contradictoires : économie spéculative de rente et d’exploitation ou économie de « libre » service basée sur la fructification et le partage des connaissances ? A nous de choisir...

Notre dossier vous invite donc à prendre connaissance d’un enjeu qui révèle d’importantes potentialités de développement local, tant pour des entrepreneurs que pour des utilisateurs ou des décideurs locaux. Il nous invite aussi à une vigilance et à une implication citoyenne sur un sujet qui est au cœur de notre avenir. La fortune personnelle de Bill Gates, estimée en 2006 à 51 milliards de dollars n’est que la partie visible et anecdotique d’une concentration abyssalle de richesses économiques prélevée à l’échelle de la planète (cf lien sur le livre le hold up planétaire). Ces richesses ne sont pas réinjectées en retour dans des cycles économiques permettant d’irriguer des économies de proximité. Elles participent donc de cet assèchement généralisé qui creuse des écarts de plus en plus inquiétants entre une pauvreté généralisée et une concentration spectaculaire de richesses à l’échelle mondiale. Il en va donc aussi de nos propres responsabilités que de s’émanciper d’une dépendance aussi massive. Cela passe inévitablement par des prises de conscience individuelles et collectives... des choix, et des passages à l’acte. Ce dossier a pour ambition de vous faire connaître et rencontrer des initiatives et des alternatives existantes dans notre région. A vous de faire le reste...

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