equitable cafe actions collectivesActions collectives,
la dynamique du je / nous

Quinzaine des actions collectives, rencontres, conférences, échanges. L'Équitable Café, Marseille, Mars 2010.

Quelles organisations collectives ?
avec Patrick Viveret
et le public nombreux et chaleureux de l'Équitable café.

Durant cette dernière soirée de la quinzaine des actions collectives, Patrick Viveret, auteur de "Pour reconsidérer la richesse", a développé de nombreux sujets concernant les actions collectives, leur évolution dans le temps, les registres affectifs, intellectuels et signifiants qui les traversent.

Tandis qu'actuellement de nombreuses dynamiques collectives se développent dans une perspective de changements sociaux et politiques mondiaux, une conscience émerge sur la nécessité de travailler en interne, au sein même des groupes, sur la qualité démocratique, l'élaboration des relations, la coopération, etc...

Pour en savoir plus sur Patrick Viveret : ICI

Présentation de la soirée (31 mars 2010)

patric viveret conferenceAlima, de B.A.Balex, présente la quinzaine et cette dernière soirée, dont la thématique fut proposée par LaPlateforme.

La soirée débute par la distribution d'une bande dessinée, produite par LaPlateforme : cette BD raconte l'aventure d'un projet collectif... et les relations entre le fondateur et les participants au projet, l'émulation du départ, l'engouement, les premiers désaccords, les "clash" et la débandade finale... Scénario qui permet de réfléchir à la question du leadership, du pouvoir, des relations dans un collectif, etc... et sur lequel Patrick Viveret fera des propositions d'éclairage.


BD, Robin and Co, une aventure collective...

Les participants se retrouvent d'abord par petits groupes, découvrent la BD, et discutent entre eux des différents réflexions, observations, expériences... que cela peut susciter.

 

bd leadership

 

Cette bande dessinée peut être utilisée comme support à une dynamique de groupe, suscitant des échanges, réflexions, etc.

Vous pouvez commander cette Bande Dessinée à LaPlateforme.

Cette introduction permet à tous d'entrer dans le vif du sujet de la soirée : Quelles organisations collectives ? Comment transformer les questions de domination ? Comment éviter les pièges de la captation du pouvoir et du sens ?

Quelles expériences, outils, connaissances peuvent nous permettre de développer ce que Patric Viveret appelera la résistance créatrice, la construction des conflits, la joie de vivre, la radicalité, etc...

Intervention de Patrick Viveret

patric viveret conferenceLes points introduits pour le débat ultérieur :

> Les problèmes du leadership et la peur de se faire déposséder, les rivalités.
> La question de l'obéissance à des ordres, ou le fait de ne rien faire, peut être rassurant. L'adhésion à une autorité, la perte de conscience individuelle.

1ÈRE IDÉE. Les échecs et difficultés des mouvements transformateurs : n’est pas venu de la force des systèmes qu’ils combattaient, du caitalisme, etc. mais de leur propre difficulté à faire de leur énergie transformatrice une énergie collective. Exemples (l'histoire du mouvement ouvrier : la capacité du côté de la résistance et du côté des logiques défensives extraordinairement forte — et quand ça passe au positif, échec.
> Les logiques de possession, les logiques de rivalité, les logiques de dépression. Nos responsabilités.

2ÈME IDÉE. Une phrases clefs : « il faut remettre l’humain au centre ». Cela ne va pas de soi. L'humain, c'est aussi la St Barthelemy, Hiroshima, le Rwanda, Auschwitch, etc.
Travailler sur la question de l’ambivalence que nous avons comme être humain est un élément fondamental.
> Voir les problèmes à l'extérieur ne suffit pas. Analyser ce qui vient de l’intérieur, et la façon dont nous nous traitons nous-mêmes, dont nous travaillons sur notre propre ambivalence.

> Les relations humaines, le vivre ensemble, plus dur que les relations aux choses. La chosification, la déshumanisation, solution de facilité. L’économisme permet de passer du gouvernement des hommes à l’administration des choses.

3ÈME IDÉE. Le logiciel égo-compétitif et la logiciel alter-coopératif. Passer de l'un à l'autre, dans nos propres histoires personnelles et collectives.
> L'être humain, un prématuré. Insécurité. Met du temps à devenir autonome. Vulnérabalité physique et psychique. Des mendiants de l'amour. L’autre comme objet de dépendance.
> L'amour, la porneia, la pornocratie. Rapport d’absorption possessif à autrui (comme un nourrisson envers sa mère). La plupart des problèmes inter-humains sont des problèmes de porneia.
> Porneia individuelle et porneia collective. Le capitalisme, une forme de pornocratie dans les rapports à la richesse.

> Passer du logiciel égo-compétitif au logiciel alter-coopératif, c’est un chemin, qui ne va pas de soi. Et c’est un chemin où nous avons besoin d’entraide.
> Vous pouvez très bien, fusse dans un mouvement hyperalternatif, avoir des logiciels égo-compétitifs qui fonctionnent à mort.

4'ÈME IDÉE. Pour passer d’un système à l’autre, changer de système de rémunération et de gratification.
> Changement de posture. Rapport de coopération, de création et qui génère de l’abondance, un autre système de rémunération.

> La question de la joie de vivre. Passer d’un système qui est fondé sur le couple excitation/dépression à un autre rapport qui est fondé sur le couple intensité/sérénité.
> Excitation, perte, gagnants, perdants, déceptions, frustration...

> Coopération. Autrui devient un compagnon de route. L’intensité de ma vie change mon rapport à autrui. Cette intensité, au lieu de la vivre sous la forme d’une excitation qui me décentre en permanence, je peux la vivre complètement dans une qualité de sérénité.

> Enjeu politique. Dérèglements actuels à l’origine de cette fameuse crise : le couple excitation / dépression. Marchés financiers, Wall Street : l’euphorie ou la panique. L’exubérance irrationnelle des marchés financiers. Couple exubérance irrationnelle / dépression et psychose maniaco-dépressive.

5'ÈME IDÉE. Dans les mouvements transformateurs actuels, on pense simultanément, et non pas contradictoirement, les enjeux de transformation personnelle et les enjeux de transformation sociale.

 

1ère série de questions
patric viveret conferenceQ : Ou situes-tu la question des rapports de force  ?

Q : Le leadership dans le milieu associatif et collectif. Différence entre les situations simples et complexes. Les questions de répartition.

Q : La dichotomie entre ce qu’il s’est passé dans les années 1970 entre le mouvement hippie (qui était pour une transformation de soi) et le mouvement politique, par exemple pro maoïste ou autre, qui était pour la transformation du monde. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, on essaye de retrouver une adéquation entre ces deux tendances ?

Q : Un problème : le refus de la majorité des gens de prendre des responsabilités à partir du moment où il y a exposition publique. Une minorité se retrouve alors responsable. La question de la prise de responsabilité collective.

 

RÉPONSES DE PATRICK VIVERET :
> La logique guerrière et la décharge de l'agressivité.
> L'ambivalence, l'ennemi extérieur, "c'est la faute de".
> Les dynamiques de force plutôt que "rapport de force"
> Les mouvements transformateurs et la qualité démocratique "à l'intérieur".
> Résistance créatrice et transformation créatrice. La force de vie et les qualités relationnelles.
> La captation du pouvoir à l'intérieur des mouvements. Le travail nécessaire sur cette question.
> L'expérimentation et l'auto-organisation.
> Clivage entre mouvements transformateur de soi-même et mouvements de transformation sur le plan politique et social. Barbarie extérieure et barbarie intérieure.
> Le changement de posture de vie. Le couple transformation personnelle / transformation sociale.

 

2ème série de questions
patric viveret conferenceQ : Comment fait-on pour passer du niveau local au niveau global ?

Q : Deux mots : la spontanéité de certaines personnes et l’opportunisme des autres. La BD mettait en évidence des réactions spontanées, de l’apport, de la générosité de certaines personnes et l’opportunité des autres.

Q : Comment, au niveau d'une petite structure, traiter en même temps l’intérieur et l’extérieur ? On ne peut pas demander à tous les membres d’une association de faire un travail personnel. Est-ce qu’il existe des outils pour passer cet écueil là ? Tout le monde est pas capable de formuler clairement ce qu’il fait dans une association, quelles sont les vraies raisons ? Le décalage entre ce qui esst dit, et ce qui est fait. Un groupe a beaucoup de mal à se constituer avec tous ces décalages. Concrètement, qu’est ce qu’on fait ?

 

RÉPONSES DE PATRICK VIVERET :
> L'énergie créative de la période actuelle, local / global.
> Les outils de reconnaissance mutuelle, la construction de dynamiques de force collectives.
> Les forums sociaux mondiaux. La question du "bien vivre" aussi importante que la question des "biens communs".
> La joie de vivre, une question politique. Les éléments d'universalité dans les groupes humains.
> Local, mondial et échelles intermédiaires. Ne pas chercher une "modèle unique". La peur des logiques de capatation de pouvoir et d'instrumentation..
> Les qualités de mutualisation, de coopération et d'échanges. La qualité démocratique. La convivialité, la qualité festive.
> La qualité démocratique : un outil, la méthode de construction des désaccords. La démocratie, ce n'est pas la loi du nombre, mais la qualité d'élaboration du débat.
> Spontanéité / opportunisme. Attention à la simplification. Le traitement de l'ambivalence.

- présentation de quelques initiatives par Cédric : "micro-politique des groupes", Atic, LaPlateforme.


3ème série de questions
patric viveret conferenceQ : Je suis d’accord sur tout ce que tu viens de dire, se changer soi-même pour changer le monde. (...) Question sur la nécessité des actions radicales.

Q : Depuis le début de la soirée, il m’a semblé que vous parliez de sentiment amoureux.

Q : ok je pense sincèrement que l’autre nous nourrit et qu’on nourrit l’autre, et que l’on se nourrit aussi soi-même, et que c’est évident que quand on communique bien, et que quand on créé ensemble, c’est la joie de vivre et c’est le pied. (...) Maintenant, politiquement, ça ne règle pas le problème, et je me dis que je dois aussi m’engager politiquement et créer des rapports de force. Là où on peut faire quelque chose dans votre sens, c’est d’arrêter de ne parler que de matériel, mais aussi de parler de ce que l’on a de profond en nous, et comment l’homme doit vivre dans une société pour acquérir de la joie de vivre.

Q : Porti Allegre. Vous exposiez une situation où il y avait des désaccords assez forts qui s’exprimaient, et que une solution, c’est trouver dans la différence. Du coup, ma question ce serait quelle différence fondamentale feriez-vous entre con-différence et consensus ?

 

RÉPONSES DE PATRICK VIVERET :
> Consensus = construction d'un sens commun. Passage par le disensus.
> La radicalité et le trépied "résistance créatrice, vision transformatrice et expérimentation/auto-organisation. Radicalité = aller à la racine.
> Émancipation et radicalité de l'humanité, grandir en humanité.
> Penser le conflit comme alternative à la violence. Construire des conflits qui vont à la racine du problème. Les conflits créatrifs se distinguent de la violence. Force de vie.
> L'échec de certaines tentatives de rassemblement à gauche et le logiciel "égocompétitif".

> La radicalité de l'amour.
> La formule d’Alberoni : considérer les mouvements sociaux comme des mouvements amoureux collectifs, et considérer un rapport amoureux comme un mouvement social à deux.
> Les 3 phases : 1° : la magie, l'enthousiasme, la fusion... les grands mouvements, fascination. 2° : la crise, l'autre est autre, son désir n'est pas forcément conforme à mon désir, l'altérité. Difficultés, risque de séparation. 3° : "déguster la différence d'autrui", phase de l'amour proprement dit.
> La gradation des qualités d'amour. Passer de la porneïa à la reconnaissance de l'altérité.
> Les grecs, la filia, l'eros et l'agape. Alors, l'amour est l'nergie politique par excellence. permet la conflictualité, mais à aucun moment elle ne s'autorise à envisager l'élimination de l'autre.
> La démocratie ? L'art de transformer des ennemis en adversaires.
> L'espèce humaine ne s'aime pas. La chosification. Clivage intellect/affectif, déconnection intelligence mentale et intelligence du coeur.
> Travailler sur la question de l'amour : cela ne va pas de soi, c'est difficile.

 

4ème série de questions

patric viveret conferenceQ : Est-ce que la désobéissance civile peut être aussi une manière de construire des rapports de force ?

Q : Revenir sur la BD. Ce qu’on propose pour que ça se passe différemment et que le résultat soit différent ?

Q : Sur la thématique des indicateurs de richesse. Comment on fait pour créer de la valeur qualitative et pas quantitative. Quels sont les indicateurs de richesse, ou les pistes d’indicateurs de richesse qui peuvent être transposables dans la comptabilité nationale ?

Q : L'espoir... va-t-il se transformer ? Les années 70. J’ai envie de savoir si c’est vraiment récent cette aventure ? Parce que enfin toutes ces dimensions vont être réunis ?

Q : Le mouvement antiglobalisation ou antimondialisation, que tu appelles altermondialistes, pourquoi il s’est essouflé d’après toi ?

 

RÉPONSES DE PATRICK :
> Pas d'essoufflement, au contraire extension. Intégration de plusieurs dimensions, bien vivre, biens communs...
> Le travail à faire dans les mouvements collectifs sur la captation du pouvoir, problème aussi important que la captation de richesses. L'altermondialisme tient en compte les échecs passés et ce travail nécessaire.
> La désobéissance civile fait partie des outils. L'employer à bon escient.
> La BD, changer la fin en travaillant sur le "logiciel altercoopératif".
> Outils démocratiques, co-construction du sens par l'ensemble des acteurs.
> Altermondialisme : espace de dialogue entre civilisations. Garder le meilleur de chacun. La modernité occidentale et les droits humains, le doute méthodologique, la liberté de conscience. Les sociétés de tradition, la nature, le lien social, le sens, le bien vivre.
> Les indicateurs de richesse : évolution.
> Le réel a toujours plusieurs faces, 10 dernières années de régression et d'avancées, en même temps.
> Le principe d'espérance, l''improbable, la métamorphose, l'inédit.
> Fracture culturelle de 68, l'inédit. Devant nous et pas derrière.

Et la dernière phrase : " Plus nous nous tournerons vers de la mémoire vive, et plus nous serons en même temps capables d’une faculté d’anticipation et de création pour l’avenir."

Fin de l'intervention et du débat, applaudissements chaleureux.

 

Fin de la soirée, quelles suites ?
patric viveret conferenceQuelques pistes locales... présentées par Philippe et Alima
> LaPlateforme et l'ouverture d'un espace d'échanges suite à cette soirée.
> Une amicale des objecteurs de croissance. Échange de savoirs, etc.
> Création d'un territoire en transition à Marseille, un quartier, une cité ?
> Idée d'un forum social permanent à Marseille.
> Création d'une assemblée populaire du Cours Julien. Actions concrètes dans le quartier, se réapproprier l'espace urbain.
 
Merci à tout le monde.
 
Cette présentation fait suite à la quinzaine des actions collectives qui eut lieu à l'Équitable Café à Marseille en mars 2010.
Présentation de la quinzaine des actions collectives

Par exemple, dans les soirées :

> Autonomie et territoires
> Initiatives solidaires, autogestion ?
> Construction et défense collective des droits
> Vivre ensemble, vivre hors norme
> Époque obscure : quelles résistances ?

... des films, des intervenants, et des centaines de participants !aide_alimentaire

 
Coproducteurs de la quinzaine
APEAS
 
B.A.BALEX
 
Équitable Café
 
LaPlateforme
 
 
 

Les soirées en image...

 

travail en groupe

travail en groupe autour de la bande dessinée

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Conférence de Patrick Viveret

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